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bondance d’élèves comme également fâcheuse pour leur santé et pour leur instruction (269).

Car enfin, nous voulons bien concevoir que les personnes qui auraient acquis la preuve que les frères de la doctrine chrétienne sont affiliés aux jésuites, qu’ils sont hostiles au gouvernement, qu’ils ont pour mission d’abrutir l’enfance au profit de la superstition et du despotisme, leur refusent toute espèce d’encouragement ; mais il en est beaucoup d’autres qui ne voient dans ces reproches que des accusations banales, qui, dans le doute sur le fond des choses, jugent les résultats, et se contentent de savourer les fruits de l’arbre, sans lui demander où sont ses racines.

Elles voient dans la rue un homme dont le costume bizarre provoque quelquefois les railleries d’un passant malavisé, mais qui, loin de répondre aux mauvais plaisants, ne paraît pas même sentir glisser ces quolibets sur son manteau de bure ; il n’en chemine pas moins sa voie, insensible à tout ce qui ne touche pas à son devoir, étranger à tous les soins de la société, et marchant droit à son but. Elles le voient, le chapelet à la main, guider le matin à l’église tous les enfants qu’il dirige, pour leur apprendre à commencer le jour par une œuvre sainte, à bénir le travail par la prière ; elles le voient enfin, et dans la classe où il enseigne, et hors de la classe quand il s’y prépare, renfermé tout entier dans les devoirs auxquels il s’est donné. Car telle est la vie du frère ignorantin : les dissipations du monde, les plaisirs de la famille, le soin de son avenir, le vain désir de la renommée ne lui font nul souci. Le maître auquel il obéit l’envoie, il arrive ; des lettres d’obédience le rappellent : il est prêt ; en tout, il accomplit son œuvre avec le même zèle que s’il avait à faire sa réputation ou sa fortune, et cependant, les revenus de l’école ne passent même pas par ses mains ; et les plus brillants