Scène III.
Vous êtes bien contente ?
Jamais je n’ai eu tant de joie. J’ai ramené dans ma maison un homme qui va faire ma fortune, et j’épouserai par son moyen celui que j’adore. — Ah ! Célia, comme je l’ai trompé ! En vérité, je le plains, ce pauvre garçon ! Ils ne sont pas malins, les Espagnols !
Par Dieu ! l’Espagne est un pays de montagnes qui ne produit que des hommes d’un esprit lourd, lent, paresseux. S’ils ont conquis les Indes, ma foi ! c’est pour enrichir l’Italie et la France. Partout où ils portent leurs armes ils laissent leur argent.
Quel immense bénéfice j’ai en perspective ! D’abord les trente pour cent, ce qui n’est pas à dédaigner. Puis ce que je pourrai retirer sur le capital que je prête. Puis j’ai dans mon secrétaire les clefs du magasin, et j’y entrerai quand je voudrai. — Mais, à propos, Célia, où est le capitaine ?
Il est allé voir don Juan.
Que votre seigneurie me donne la main comme à son page.
Mon ami ! mon frère !
Puissiez-vous être heureuse avec le seigneur don Juan pendant dix siècles et plus ! Amen.
Prenez cette bague, Bernardo ; c’est un diamant de cinquante écus ; je vous l’offre au nom de cet aimable Espagnol, Votre maître et le mien.
Je l’accepte sans façon.
Je baise les mains et les pieds de votre seigneurie.
Ô Fabio !