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Célia.

Qui vous trouble à ce point, mon ami ?… Moi, Jésus, un enfer !

Lucindo.

Appelle-moi, Célia, cette beauté divine. Sans doute mes craintes m’abusent comme elles m’ont abusé déjà bien souvent.

Célia.

Elle est à dîner, et je ne pense pas qu’elle puisse vous parler à cette heure.

Lucindo.

Elle se moque de moi ! elle m’avait invité.


PHÉNICE paraît à la fenêtre.
Phénice, à Célia.

À qui donc parles-tu ? Qu’est ceci ?

Lucindo.

Ma chère vie !

Phénice.

Qui est-ce ?

Lucindo.

Quoi ! vous ne me reconnaissez plus ?

Phénice.

C’est que j’ai la vue un peu courte.

Lucindo.

Non pas ! vous avez la vue excellente ; car elle perce les murs les plus épais, et découvre les chats enfermés dans les coffres forts. D’ailleurs vous pouvez me reconnaître à ma voix.

Phénice.

Ah ! c’est vous, Lucindo ?… Repassez ce soir, j’ai du monde. Je n’ai pas pu les refuser. Vous m’aviez promis de m’envoyer de l’argent pour m’aider dans ces cruelles circonstances, et Tristan ne m’a rien apporté.

Lucindo.

Comment, Tristan ! tu serais capable…

Tristan.

Elle vous ment. N’étiez-vous pas là quand je suis entré et quand je suis sorti ?

Lucindo.

Hélas ! hélas ! ah !

Phénice.

Avez-vous autre chose à me dire ?

Lucindo.

Non, rien, sinon que je vous ai donné l’argent.

Phénice.

Je ne veux pas disputer avec vous ; mais si vous me l’avez donné, vous avez bien fait.

Phénice et Célia se retirent.