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Célia.

Vous avez joué là un jeu hardi.

Phénice.

C’est un profit assuré.

Célia.

Peut-être.

Phénice.

Je n’en doute pas. Et quel plaisir vaut celui de tromper ainsi un homme ?


Entrent le capitaine OSORIO, DINARDA vêtue en cavalier, et BERNARDO et FABIO habillés en pages.
Le Capitaine.

Puis-je entrer ?

Phénice.

Certainement.

Le Capitaine.

J’amène un hôte souper chez vous.

Dinarda.

Que votre grâce, madame, me tienne pour son serviteur.

Phénice, à Dinarda.

Soyez le bienvenu, seigneur. (Bas, au capitaine.) Est-il d’Espagne ?

Le Capitaine.

Il en arrive à l’instant.

Phénice.

Est-il cavalier ?

Le Capitaine.

Cela se voit de reste.

Phénice.

Et son nom ?

Le Capitaine.

Don Juan de Lara.

Phénice.

Quel joli homme !

Le Capitaine.

Charmant.

Dinarda, à Phénice.

J’ai quitté l’Espagne, il y a un mois, et je suis arrivé en Sicile dans le jour le plus fortuné de ma vie, puisque je contemple votre beauté.

Phénice.

Je vous remercie du compliment. Dans quel but venez-vous ?

Dinarda.

Je viens servir le roi, n’ayant que la faible pension que me font un père et une mère avares, jusqu’à ce qu’ils daignent mourir.

Phénice.

Que Dieu les appelle à lui au plus tôt !