brusque départ, je soupçonne que ce prétendu procès qui appelle don Juan à Madrid…
Que soupçonnez-vous ?
La véritable cause de votre chagrin.
Pourriez-vous bien me reprocher l’estime que j’ai conçue pour don Juan ? N’est-ce pas sous vos auspices qu’a commencé cette liaison ?
C’était un badinage.
Que nous avons pris au sérieux[1].
J’ai eu tort, je l’avoue, j’ai trop vanté don Juan.
Quand une femme devient éprise d’un homme, la faute en est à celui qui l’a loué devant elle.
Et vous, éprise de don Juan, vous prétendiez traiter de mon mariage avec lui. — Quelle touchante amitié !
Qu’est-ce donc ?
Ce n’est plus rien maintenant… C’est passé.
Je suis offensé de tous les côtés. J’ai à me plaindre à la fois de ma sœur et de ma maîtresse. L’honneur et l’amour m’ont aussi maltraité l’un que l’autre.
J’ai pensé que je pouvais me marier après la mort de don Pèdre.
Vous le pouvez de même après la mort de don Juan.
Don Juan n’est pas mort.
C’est tout comme, puisqu’il est absent.
Entrez, entrez donc.
Vous m’amenez ici, seigneur ?
- ↑ Il y a ici une grâce intraduisible. Elle tient à la double signification du mot cartas, cartes à jouer et lettres. « Lorsque deux personnes se donnent des cartes (ou des lettres), c’est qu’elles vont jouer. »