Nous verrons. C’est une lâcheté, Célia, que de s’attaquer à un pauvre jeune homme naïf et crédule. Je préfère lutter de ruse avec un fin matois… Ah ! celui-ci a mis sa chaîne de côté !
Et si vous la pêchez, ce ne sera pas sans peine.
Nous verrons, te dis-je. Il n’est pas facile, je l’avoue, de tromper un luron si cauteleux ; mais j’emploierai les grands moyens, et il tombera dans mes piéges.
Que crains-tu ?
Mille tours de son métier. Tenez-vous bien !
Tu es fou, puisque tu gardes mon argent, mes bagues et ma chaîne.
Ô Circé ! inspire-moi.
Vous voulez donc absolument essayer un appât ?
Je risquerai du moins un premier hameçon. (Haut.) Que l’on apporte la collation. (À Lucindo.) Asseyez-vous là, mes amours, près de moi.
Il y a peut-être sous toutes ces prévenances et sous toutes ces flatteries quelque artifice caché. Mais que puis-je perdre à m’asseoir ?
Comment ! vous vous asseyez !
Tais-toi, imbécile.
Parlez-moi donc un peu, ma chère vie. Un mot de votre bouche fera ma joie ou ma douleur.
Que vous dirai-je ?
Que ce soit vrai ou non, dites-moi : Je vous aime.
Certes oui, — je vous aime.