Si nous nous lions ensemble, tu seras, toi, un citron d’amour, aigri par la jalousie.
Un citron d’Andujar[1].
Le vilain drôle !
Qu’elle est jolie !
Elle est divine.
Il n’y a pas ici des sourcils verts ou bleus, ni des cheveux d’emprunt. — La belle bouche !
C’est pur sang[2]. Mais, comme vous savez, je soupçonne quelque piége.
Non, non ! Je me meurs.
Sans l’avoir vue ?
Certainement.
Les sages disent qu’on ne peut pas avoir d’amour pour une personne qu’on ne connaît pas.
Les sages sont des fous. — Écoute.
Après ?
As-tu vu une montagne d’or ?
Non, monseigneur.
Eh bien, moi je te prouverai que tu pourrais l’aimer.
Comment cela ?
En pensant à une de ces montagnes que tu as traversées et ensuite à l’or que tu as vu, et en formant dans ton esprit l’idée d’une montagne d’or. — De même moi, je réunis les deux idées de femme et de beauté, et j’adore cet ange.