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venir à son aide sans risquer de vous compromettre. Je vais lui écrire une lettre, en lui disant que la personne qui lui écrit est une dame qui l’a vu passer lorsqu’on le menait en prison, et qui, émue de pitié en sa faveur, lui envoie des régals, des bijoux, de l’argent.

Don Fernand.

L’invention est charmante.

Léonarda.

Eh bien, mon frère, attendez… Attendez ici que j’aie écrit ce billet. Seulement, dites-moi, que voulez-vous que j’envoie en même temps ?

Don Fernand.

Tout ce qu’il vous plaira.

Léonarda.

Deux cents écus, est-ce assez ?

Don Fernand.

Fort bien.

Elle sort.
Don Fernand.

En vérité, j’ai honte de faire porter la peine de ma faute à un homme innocent. Mais je serai toujours à temps de me déclarer. Voyons où ira l’aventure.


Entrent L’ALGUAZIL et ses gens.
L’Alguazil.

Seigneur don Fernand, veuillez nous suivre en prison.

Don Fernand.

Moi ?… Et pour quel motif ?

L’Alguazil.

À cause du meurtre de don Pèdre. On m’a dit de vous arrêter. Mais soyez sans souci. C’est seulement pour vous confronter avec le prisonnier.

Don Fernand.

Je vous suis. Je vous en donne ma parole…

L’Alguazil.

Je ne vous demande pas votre épée.

Don Fernand.

Eh bien, marchons. (À la cantonade.) Holà ! qu’on avertisse ma sœur que je vais en prison.

Ils sortent.



Scène III.

La prison de Tolède.


Entrent CITRON, SANCHO, CESPEDOSA et ROSALES.
Citron.

Je vous dis et vous répète que l’on m’a pris tout mon bagage.