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homme tué sur la route royale ! et vous voudriez nous faire accroire que vous êtes un honnête et paisible voyageur !

L’Alguazil.

Vive Dieu ! seigneur Mendoce, le défunt n’est autre que don Pèdre Ramirez.

Le Greffier.

Oui, c’est lui, et il n’y a plus d’espoir. Voyez sur son visage la pâleur de la mort.

Don Juan.

Je suis venu à Tolède dans un moment de malheur.

L’Alguazil.

Saisissez-le.

Don Juan.

Un moment.

L’Alguazil.

Vous ne pouvez pas lutter seul contre cette troupe. — Montrez votre épée.

Don Juan.

Doucement, messeigneurs.


Entre CITRON.
Citron, à part.

La vue de ces gens-ci m’a troublé le cerveau. — Qu’est-ce donc ?

Don Juan.

Où t’es-tu arrêté, imbécile ?

Citron.

Je venais sur une mule qui trotte par soubresauts et en cadence comme un vrai dromadaire, et qui ne changerait pas d’allure pour tous les trésors du monde.

L’Alguazil.

Saisissez-moi cet homme-là.

Citron.

Comment ! lorsque je suis à peine arrivé !

Don Juan.

Messeigneurs, s’il faut absolument vous prouver mon innocence, et si cet habit de voyage, mes plumes, mes bottes, mes éperons, ne suffisent pas, allons à la ville.

Citron.

Vous pouvez être sans inquiétude. Montez sur votre mule et marchons. Rien de plus facile que de prouver que vous arrivez de Séville.

Don Juan.

J’ai mis pied à terre et l’épée à la main pour séparer deux cava-