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vois là, — signifie qu’elle aime une personne de son rang… quoique tous deux soient en désaccord depuis l’arrivée de ton altesse. — Le Soleil annonce que tu la verras un jour, sans que toutefois son honneur en reçoive aucune atteinte. — Mais, monseigneur, me permets-tu de te le dire ? Bien que tu ne sois occupé que de cette femme, j’ai vu certaines choses d’une bien autre importance.

Henri.

Parle ; je veux tout savoir.

Zulim.

Tu dois aller en France. Tu y feras deux voyages en grand péril, pour te soustraire à la poursuite du roi ton frère.

Henri.

Que dis-tu ? le roi est plein de bontés pour moi.

Zulim.

Oui, Néron gouverna ainsi plusieurs années, adoré des Romains, et l’on sait quels furent ensuite ses actes.

Henri.

Et mon frère, dis-tu…

Zulim.

Le roi don Pèdre doit tuer doña Léonor ta mère…

Henri.

Ma mère !…

Zulim.

Il tuera également ton frère le grand maître.

Henri.

Le grand maître !…

Zulim.

Oui, seigneur.

Henri.

Tais-toi, tais-toi, astrologue de malheur ! — Laisse-là tes mensonges.

Zulim.

C’est la vérité. — Et toi-même un jour tu tueras de ta main le roi don Pèdre.

Henri.

Moi ! mon frère ?

Zulim.

Toi-même. — Et tu seras roi de Castille.

Henri.

Quelle folie !… Mais ne sais-tu donc pas qu’il a des fils pour régner après lui ?

Zulim.

Ses fils ne lui succéderont pas. Ils mourront en prison.

Henri.

Va-t’en, Maure, va-t’en, — au lieu d’alléger ma peine, tu aug-