Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 2.djvu/236

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Dorothée.

Une personne innocente n’a pas besoin de tant de paroles pour sa justification, et je vous dirai en deux mots que je n’ai rien à me reprocher.

Bruit de voix et de musique.
Une voix

L’infant a tout à fait bon air.

Dorothée.

Vous voyez que je ne me soucie guère d’aller au balcon.

Don Juan.

Vous faites plus d’attention à ce qui se passe dans la rue qu’à moi.

Une voix

Dieu vous garde !

Une autre voix.

C’est le roi !

Une autre voix.

Oui ! c’est le roi !

Une autre voix.

Henri est plus grand.

Don Juan.

Allons, ne soyez pas si troublée. On vous attend. Montrez-vous.

Dorothée.

Prenez garde, don Juan !

Une voix

Le grand maître est un parfait cavalier.

Don Juan.

Eh bien ! l’on va s’impatienter.

Dorothée.

Prenez garde ! vous dis-je. — Sans être susceptible, j’aurais droit de me fâcher. J’ai toujours tenu à conserver ma réputation, mon honneur, et je sais qu’entre un prince et moi il n’y a pas de mariage possible. D’ailleurs, je suis ici avec vous, et la fête est dans la rue. Je ne suis pas curieuse. Vous devriez m’en savoir gré.


Entre L’ÉCUYER.
L’Écuyer.

Eh quoi ! vous ne montrez pas plus d’empressement ?

Dorothée.

Et pourquoi voulez-vous que je m’empresse ?

L’Écuyer.

C’est qu’il y a trois rois à notre porte… ni plus ni moins.

Chacon.

Il n’y en avait pas davantage à Bethléhem.

L’Écuyer.

Trois rois, ou à peu près ; car l’un est le roi lui-même, — et les deux autres sont ses frères, l’infant don Henri et le grand maître.