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Scène V.

Dans la maison de Dorothée.


Entrent DON JUAN, DOROTHÉE, CHACON et INÈS.
Dorothée.

Comment avez-vous pu entrer ici ?

Don Juan.

La porte était ouverte.

Dorothée.

Vous deviez savoir que cette porte ne devait s’ouvrir que devant mon époux.

Don Juan.

C’est pour cela même que je suis venu. C’est en qualité d’époux que j’ai franchi cette porte fermée à tout autre. — Au nom du ciel, Dorothée, ne me montrez pas cette indifférence. Si je suis riche, et si vous êtes pauvre, une union légitime rapprochera les distances qui nous séparent.

Dorothée.

Je suis dans une inquiétude mortelle.

Inès.

Ah ! madame !

Dorothée.

Qu’est-ce donc ?

Inès.

Votre frère.

Dorothée, à don Juan.

Qu’avez-vous fait ?… Quel trouble est le mien !

Don Juan.

Pourquoi vous effrayer ! Je lui dirai que je suis votre époux.

Dorothée.

Non pas ! vous compromettriez mon honneur… vous vous compromettriez vous-même. — Non, cachez-vous là. Mon frère ne tardera pas à s’en aller. C’est une nuit d’illuminations, — et je le crois occupé de quelque amour.

Don Juan.

Suis-moi, Chacon.

Chacon.

Oh ! si ce n’était pas son frère, je…

Don Juan.

Tais-toi.

Ils se cachent.


Entre DON FÉLIX.
Don Félix.

Ah ! ma sœur, tu me vois tout transporté, — la joie remplit mon