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Dorothée.

Pourquoi ?

Henri.

Parce que vos yeux sont deux étoiles.

Dorothée.

Je n’ai pas de si hautes prétentions.

Henri.

Sur ma foi ! grand maître, on avait bien raison de vanter son esprit. Dès aujourd’hui je me voue à son service.

Dorothée.

Prenez garde, seigneur ; on vous observe.

Henri.

Serait-ce quelque jaloux ?

Dorothée.

Personne ne peut l’être. — Mais des yeux d’or ne sont pas chose commune, et il y a toujours beaucoup de gens qui convoitent ce métal. Permettez que je m’éloigne.

Henri.

À une condition.

Dorothée.

Et laquelle ?

Henri.

C’est que vous me laisserez assez de force pour supporter votre absence.

Dorothée.

Eh quoi ! monseigneur, vous voilà déjà au nombre de mes adorateurs ?… Jésus ! que diront les dames de Séville ? Allons-nous-en, ma tante ; l’infant parle comme un nouveau venu.

Théodora.

Il eût été plus sage de continuer notre promenade.

Elles sortent.
Henri, arrêtant l’Écuyer.

Un mot, bon homme.

L’Écuyer.

Dieu vous assiste, monseigneur !

Henri.

Êtes-vous au service de Dorothée ? Faites-vous partie de son conseil privé ?

L’Écuyer.

Je suis son écuyer.

Henri.

Quelles sont les visites qu’elle reçoit ?

L’Écuyer.

Je voudrais que votre altesse connût la maison où je sers. Le soleil même n’a pas la permission d’y pénétrer.

Henri.

Le soleil a raison de s’abstenir : que ferait cet astre là où réside