Ah ! madame ! je voudrais que vous connussiez à quel point j’ai peu de confiance.
Quoi ! vous êtes Espagnol et vous n’avez pas de confiance en vous !
Un étranger comme moi ne doit-il pas être constamment en défiance de lui-même ?
Je ne sais, mais plût à Dieu que je ne me fusse pas approchée aujourd’hui de la mer, où je cours risque du naufrage !
Est-ce que, par hasard, j’aurais eu la gloire insigne de vous agréer ?
J’ignore comment je pourrais vous louer à mon gré sans soulever les ondes qui m’écoutent. — Mais que dis-je !… Je me suis mal exprimée !… En vérité je suis folle !… Éloignez-vous, homme, éloignez-vous !… Jésus ! Jésus ! vous m’avez jeté un charme.
Qui ! moi, madame ! Quoi ! déjà !
Adieu. Partez, laissez-moi… — Mais non, attendez. Où allez-vous ?
Je vais à mon hôtellerie.
Si ce n’était à cause de ma famille, noble et généreux Espagnol, je vous aurais donné l’hospitalité dans ma maison, à vous qui vous êtes emparé déjà de mon âme ; mais il vous sera facile de venir me voir, en disant que vous m’apportez des nouvelles de mon frère.
Vous pensez que cela suffira ?
Suivez-moi.
Donnez-moi votre main, que je la baise.
Attendez. J’ai à parler à Célia, afin qu’elle soit bien avertie.
Moi, pendant ce temps, je dirai aussi deux mots à mon valet.
Célia !
Madame ?