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Jacob.

Qu’est ceci, Ruben ?

Ruben.

Seigneur, nous sommes allés en Égypte.

Bato.

Contez donc comme quoi Joseph est vice-roi.

Ruben.

Animal, veux-tu bien me laisser ?

Jacob.

Que dit-il là, mon fils ?

Ruben.

Eh ! mon père, que pourrais-je te dire encore, puisqu’il t’a dit que Joseph était vivant ?

Jacob.

Quoi ! mon fils Joseph…

Dina.

Laissez-le respirer ; car la joie peut tuer aussi bien que la douleur.


Entrent BENJAMIN et les autres Frères.
Nephtali.

Nous nous mettons à tes pieds.

Jacob.

Embrassez-moi, mes fils… Ô mon cher Benjamin !

Benjamin.

Tu sais déjà sans doute l’histoire de Joseph et qu’il est vivant ? C’est lui qui nous envoie te chercher. Le roi Pharaon nous a donné tant d’or et d’argent que nos éléphants et nos chameaux fléchissent sous la charge qu’ils portent.

Jacob.

Puisque mon fils Joseph est vivant, moi, mes fils, je puis mourir.

Ruben.

Seigneur, il te fait appeler afin que tu le voies et lui parles, et afin que tu vives avec lui. Car il veut nous donner une vallée que peuplera notre famille.

Jacob.

Ciel puissant, donne à ton serviteur la force dont il a besoin. Les chagrins ne l’ont point tué, ne permets pas que la joie le tue.

Issacar.

Joseph s’était perdu au fond de l’Égypte ; et ses grandes vertus ont été cause que le roi de ce pays l’a fait monter avec lui sur le trône.

Jacob.

Je ne veux point chercher d’où est venu tout cela. — Mes fils, laissez-moi seul un moment.

Bato, à voix basse.

Eh bien, Lida, à quoi penses-tu ?