peux-tu craindre, toi qui as vu Dieu face à face ? Qui pourrait t’offenser, toi qui as été vainqueur d’un géant divin[1] ?
Ô mon fils, tu ne me laisses pour consolation que des souvenirs bien éloignés. Mais tu veux partir, Benjamin… Eh bien, pars, et que mon âme aille avec toi !
Bientôt, j’espère, je reviendrai joyeux te presser dans mes bras.
Mes fils, que ma bénédiction soit sur vous tous !
Allons avec lui jusqu’à notre voyage.
Dès que nous aurons pris du repos, nous partirons.
Arrête un peu.
Toujours le même !
Eh quoi ! refuserait-on d’embrasser un homme arrivant de voyage, alors même qu’il serait de la couleur d’un nègre ?
Où as-tu vu qu’on soit obligée de t’embrasser sans t’aimer ?
Ce n’est pas que tu désires d’être embrassée ; c’est que je t’aime.
Eh bien, pour que tu ne m’accuses pas d’impolitesse, en ne me trouvant pas aussi facile que le sont les autres femmes, je consens à t’embrasser.
Ma foi ! tu as raison de ne pas être impolie, car c’est fort mal, même entre amants. Combien l’on voit de lourdauds qui ont peine à soulever d’un pouce leur chapeau sur leur tête ! et combien l’on en voit d’autres qui, par un excès contraire mais non moins stupide, refusent de s’asseoir parce qu’ils voient quelqu’un debout !… Tout cela me fait pitié !
Enfin veux-tu que je t’embrasse de mes deux bras ?
Je crains qu’un tel effort ne soit pour toi une cause de fatigue.
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...Quien será parte
A ofenderte, si has rendido
A aquel divino gigante ?On peut voir au ch. xxxii de la Genèse la lutte de Jacob avec l’ange.