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et saisissant dans mes bras le plus robuste, je le jetais à terre et lui faisais confesser que mon amour était légitime. — Les loups fuyaient dès qu’ils entendaient mes pas, les lions me craignaient, et les autres bergers disaient qu’ils reconnaissaient ma supériorité en toute chose.

Lida, à part.

Oh ! comme Benjamin l’a distrait habilement de ses peines !


Entre BATO.
Bato.

Monseigneur ?

Jacob.

Qu’y a-t-il ?

Bato.

Je suis parti devant afin d’arriver le premier et d’avoir une bonne étrenne, si l’on apportait de bonnes nouvelles.

Jacob.

Ne parle pas ; car je sais déjà qu’une autre disgrâce va s’ajouter à mes ennuis. — Mes fils viennent-ils ?

Bato.

Les voici qui arrivent.

Jacob.

Tous ?

Bato.

vous avez devant vous les premiers nés, et par eux vous saurez mieux ce qui se passe.


Entrent RUBEN, ISSACAR et NEPHTALI.
Ruben.

Que le Seigneur te soit en aide !

Issacar.

Que le ciel garde ta vie !

Nephtali.

Nous te baisons les pieds.

Jacob.

Au trouble qu’il y a sur votre visage, je connais que vous n’êtes point contents.

Ruben.

Mon père, nous sommes arrivés à la grande Memphis d’Égypte, fameuse entre toutes les cités du monde, et où l’on voit des pyramides qui s’élèvent jusqu’au ciel. Or, Pharaon a un vice-roi, homme d’un rare esprit, qui partage son trône et que, par son ordre, l’on appelle le Sauveur, à cause que dans les circonstances où nous sommes, c’est lui qui a sauvé l’Égypte. Dès notre arrivée, nous sommes allés lui faire visite, et nous nous sommes tous prosternés devant lui, en admirant sa noble et grave personne. Lui, il nous a interrogés sur nous, sur ces vallées, sur mille objets qui paraissaient