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Laurencia.

Vous aimez toujours à plaisanter.

Estévan.

L’aimes-tu ?

Laurencia.

Je ne cache pas que j’ai pour lui quelque affection, mais pourtant…

Estévan.

Allons, veux-tu que je dise oui ?

Laurencia.

Parlez donc pour moi.

Estévan.

Il paraît que j’ai la clef de ta bouche. — Mes amis, c’est arrangé. Venez avec moi, Alonzo ; nous chercherons mon compère sur la place.

Alonzo.

Allons !

Estévan.

Et de la dot, mon fils, que lui en dirons-nous ? Je puis bien aller jusques à quatre mille maravédis.

Frondoso.

Ne revenez pas là-dessus, seigneur. C’est me faire injure.

Estévan.

Va, va, mon ami, l’amour ne peut pas toujours durer ; et crois-moi, quand il n’y a pas de dot, l’on s’aperçoit bientôt qu’il manque quelque chose au bonheur.

Estévan et Alonzo sortent.
Laurencia.

Eh bien, Frondoso, es-tu content ?

Frondoso.

Oh ! oui, je le suis, et à tel point que je ne sais comment je n’en perds pas la tête. Quelle joie est la mienne ! Mon cœur bondit dans ma poitrine, quand je songe que je vais enfin te posséder, Laurencia !

Ils sortent.



Scène IV.

La campagne devant Ciudad-Réal.


Entrent LE GRAND MAÎTRE, LE COMMANDEUR, des Soldats.
Le Commandeur.

Fuyez, seigneur, il n’y a point d’autre moyen de salut.

Le grand Maître.

Des remparts aussi faibles ne devaient pas résister à un ennemi si puissant.

Le Commandeur.

La prise de la ville leur coûte beaucoup de morts.