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pas que je lui conteste la gloire de conserver les œuvres de l’esprit contre les outrages du temps qui fixe ensuite leur mérite ; et l’illustre Guttenberg de Mayence, inventeur de cet art, a acquis des droits immortels à l’admiration et à la reconnaissance des hommes. Mais beaucoup par l’impression de leurs ouvrages ont perdu la réputation dont ils jouissaient ; beaucoup d’autres font imprimer leurs impertinences sous le couvert d’un nom célèbre ; et il y a des méchants qui, poussés par une basse envie, prennent le nom de l’homme à qui ils en veulent, et pour le décréditer lui prêtent les folies et les sottises qu’ils publient[1].

Barrildo.

Croyez-vous bien que l’envie aille jusque-là ?

Léonel.

Eh ! mon Dieu ! ne faut-il pas que le sot se venge toujours de l’homme de talent ?

Barrildo.

Léonel, l’imprimerie n’en est pas moins une belle découverte.

Léonel.

Sans doute ; mais beaucoup de générations s’en sont passées, et nous ne voyons pas que la nôtre produise pour cela tant de Jérômes et d’Augustins.

Barrildo.

Laissons cela et asseyons-nous ; vous êtes de mauvaise humeur.


Entrent JUAN ROXO et UN AUTRE LABOUREUR.
Juan.

Maintenant, pour peu qu’on veuille faire les choses à la mode, il faut quatre domaines pour payer les frais d’un mariage ; et vous remarquerez, s’il vous plaît, que les plus riches et les plus pauvres font les mêmes folies.

Le Laboureur.

Que dit-on du commandeur ? — Ne vous troublez pas.

Juan.

Avoir ainsi maltraité cette pauvre Laurencia !

Le Laboureur.

Il n’existe pas un homme plus brutal et plus débauché ! Que je voudrais le voir un de ces jours pendu à cet olivier !


Entrent LE COMMANDEUR, ORTUÑO et FLOREZ.
Le Commandeur.

Dieu garde les gens de bien !

Alonzo.

Monseigneur…

Le Commandeur.

Je vous en prie, ne vous dérangez pas.

  1. Beaucoup d’auteurs faméliques publiaient leurs ouvrages sous le nom de Lope de Vega.