Ainsi donc, c’est par amour de soi-même qu’on recherche le bien qui doit nous satisfaire ?
Il est vrai.
Donc il n’y a point d’autre amour que celui que je dis. C’est celui qui fait toute ma passion, et auquel je veux me livrer.
Notre curé nous dit un jour au sermon qu’il y avait autrefois un certain Platon qui nous enseignait à aimer : car celui-là n’aimait que l’âme, et tout ce qu’il désirait, c’était la perfection de l’objet aimé.
Je crois que vous avez soulevé là une question qui plus d’une fois peut-être a fait disputer les savants dans leurs académies et leurs universités.
Elle a raison. — Va, Mengo, ne te fatigue pas à vouloir persuader es amis, et rends grâce au ciel qui t’a fait sans amour.
Et toi, aimes-tu ?
Je n’aime que l’honneur.
Alors, que Dieu te punisse un jour par la jalousie !
Eh bien ! qui a gagné ?
Vous n’avez qu’à vous adresser au sacristain ; lui seul et le curé pourront résoudre la question. — Laurencia n’aime pas ; moi, j’ai peu d’expérience ; comment pourrions-nous prononcer un jugement ?
En est-il de plus cruel que cette insensibilité ?
Dieu garde les gens de bien !
Voilà un des domestiques du commandeur.
C’est un de ses limiers. (À Florez.) D’où venez-vous donc, l’ami ?
Ne voyez-vous donc pas mon habit militaire ?