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La Duchesse.

Tu ne vois donc pas ce qui se passe, Theodora ! tu ne vois pas ce que l’infant médite contre le comte et contre moi ?

Theodora.

Que craignez-vous ?

La Duchesse.

Tout les malheurs à la fois.

Theodora.

Comment cela, madame ?

La Duchesse.

Tout à l’heure, du haut de cette tour, j’ai aperçu notre mort.

Theodora.

Votre mort ! Que voulez-vous dire ?

La Duchesse.

Oui, notre mort ; car j’ai vu le comte qui avait tiré l’épée contre le prince.

Theodora.

Et après ?

La Duchesse.

Ses domestiques sont accourus le défendre.

Theodora.

Et de quelle manière cela a-t-il fini ?

La Duchesse.

Ils ont pris la fuite, n’osant pas, sans doute, lutter davantage avec le fils du roi. — Ah ! Theodora !

Theodora.

Quelqu’un vient, madame.


Entre LE COMTE PROSPERO.
Le Comte.

Celia ! Celia !

La Duchesse.

Dieu ! Qui m’appelle ?

Le Comte.

Un malheureux qui revient vous revoir du sein du trépas où sa disgrâce l’a plongé.

La Duchesse.

Prospero !

Le Comte.

Celia !

La Duchesse.

Mon bien !

Le Comte.

Mon amour !

La Duchesse.

Ah ! pourquoi vous exposez-vous à venir ici ?… Je ne serais pas,