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L’Infant.

Tiens-toi, Valerio.

Les deux Domestiques accourent.
Premier Domestique.

Frappons-le !

Deuxième Domestique.

Qu’il meure !

Le Comte.

Je ne vous ai pas appelés

L’Infant.

Qu’est ceci ? vous paraissez devant moi vos épées nues.

Premier Domestique.

Nous pouvons même vous montrer qu’elles sont bien affilées.

L’Infant.

Quoi ! vous parlez ainsi à l’infant ?

Deuxième Domestique.

Vous aviez dit que vous ne l’étiez plus.

Le Comte.

Retirons-nous, mes amis. Respect au fils du roi !

Le Comte et ses domestiques sortent.
Valerio.

Voulez-vous que nous les poursuivions ?

L’Infant.

Rengaine ton épée, Valerio ; je me vengerai plus tard, avant peu. Ah ! vilain traître de comte ! il me le payera.

Valerio.

Qu’il n’ait pas, du moins, l’honneur de mourir de votre main.

L’Infant.

Non certes. — Vive Dieu ! dans ma fureur je briserais mon épée contre ce mur.


Entrent LA DUCHESSE CELIA et THEODORA.
La Duchesse.

Je sors, Theodora, toute agitée et troublée par je ne sais quel triste pressentiment.

Valerio.

La duchesse vous aura sans doute entendu, car la voilà qui sort du jardin.

L’Infant.

Je suis, Valerio, comme celui qui se réveille après un rêve pénible.

La Duchesse.

D’où vient cette colère, prince ? Les murs qui ferment la maison d’une femme honnête ne sont pas accoutumés à êre frappés à coups d’épée. S’ils avaient espéré que, grâce à vos bontés, ils seraient un édifice éternel, la manière dont vous les attaquez leur apprendrait à ne pas compter sur l’avenir.