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Il laissa à sa mort deux années de son revenu en capital.

Pourquoi donc lord Holland s’est-il si fort indigné contre le pauvre Lope ? Il est facile à un pair d’Angleterre qui a deux ou trois cent mille livres sterling de revenu de n’en pas demander davantage et de cultiver les lettres pour la seule gloire ; mais un poëte qui, à force de travail, ne gagne que de quoi subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, peut bien, sans être avare ni avide, détourner son fils d’une carrière qui, malgré son génie, sa gloire, ses succès, ne lui fournissait pas de quoi satisfaire sa libéralité naturelle.

Et où donc M. de Sismondi a-t-il vu ce goût du faste qu’il attribue à Lope ? Qui donc lui a dit que le grand poëte et ses compatriotes aient jamais fait consister l’orgueil castillan dans la dissipation et le désordre de fortune ? — Un écrivain de qui tous les ouvrages révèlent des sentiments pleins d’élévation et d’honneur devrait savoir en quoi consiste l’orgueil castillan.

Combien Lope a-t-il composé de comédies ?

Montalvan, dans sa Fama postuma, publiée peu de temps après la mort de Lope, porte à dix-huit cents le nombre des comédies composées par son illustre maître ; et à l’exception du seul M. Labeaumelle, qui a indiqué un autre chiffre dont j’examinerai plus tard l’exactitude, tous les critiques espagnols, français, anglais, italiens, allemands, qui ont parlé de Lope, ont adopté le chiffre de Montalvan.

En donnant le chiffre de quinze cents nous avons pour nous deux autorités : d’abord le docteur Fernando Cardoso, ami intime de Lope, qui dans l’oraison funèbre du poëte a précisé ce chiffre ; ensuite Lope lui-même, qui, probablement, savait mieux que personne combien il avait composé de comédies. Voyons ce qu’il dit à cet égard.

En 1603, dans le catalogue qui précède le Peregrino en su patria, il cite trois cent trente-sept pièces(qu’il faut réduire à trois cent trente-et-une, à cause de quelques doubles emplois).

En 1609, dans le Nouvel art dramatique (Arte nuevo de hacer comedias), Lope déclare quatre cent quatre-vingt-trois comédies.

En 1618, dans la préface de la onzième partie de ses comédies, huit cents.