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Par tous ces motifs nous avons été déterminé à adopter un moyen terme entre la date de l’Académie espagnole et celle de M. Viardot ; et nous disons que Cervantes dut renoncer au théâtre de 1590 à 1592, époque à laquelle Lope lui-même débuta.

De quelle époque datent les commencements de la renommée de Lope.

Arrivé dans son récit à l’année 1600, M. Fauriel s’exprime ainsi : « Cette date peut être donnée pour marquer les commencements de la renommée de Lope comme poëte dramatique. On a sur ce point des indices précis. »

Malgré les indices précis dont parle M. Fauriel, nous ne sommes pas d’accord avec lui sur ce point, et, selon nous, la renommée de Lope aurait commencé beaucoup plus tôt. On sera de notre opinion quand on aura lu en son entier la phrase de Cervantes dont nous n’avons donné plus haut que le début. « Immédiatement parut le prodige de la nature, le grand Lope de Vega, et il s’empara du sceptre de la monarchie comique, etc., etc. » De cette phrase il résulte que dès son début dans la carrière Lope fut reconnu par tous comme le chef et le roi du théâtre, et que dès lors sa réputation fut faite.

Il y a encore une autre preuve décisive contre l’opinion de M. Fauriel : c’est un passage de la préface du Peregrino, publié en 1603, où Lope lui-même dit qu’il a des amis, des admirateurs, jusqu’en Amérique. Or, si la renommée de Lope n’avait commencé qu’en 1600, aurait-il pu savoir en 1603 qu’il avait des admirateurs en Amérique ? et aurait-il pu l’écrire comme une chose sue de tout le monde ?

Lope était-il moine ?

Par opposition à Voltaire, qui a fait de notre Lope un comédien, le traducteur anonyme de la Bibliothèque des romans fait de lui un moine régulier[1]. Voici, sans doute, ce qui aura induit en erreur le spirituel et habile écrivain. Il aura vu devant le nom de Lope le titre de Frey ou Freyle (chevalier d’un ordre militaire), et il aura confondu avec Fray ou Frayle (moine appartenant à quelque ordre religieux).

  1. Bibliothèque des Romans, 1er vol. de janvier 1782.