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très-savant, comme l’a reconnu le prophète Ézéchiel lorsqu’il l’a nommé Cherub, ce qui signifie plein de science. — Mais le Christ, effrayé de voir Luzbel régner dans ces contrées lorsqu’il a versé pour vous son sang sur la croix, — le Christ a inspiré à Ferdinand d’Espagne, le roi catholique, de vous envoyer Colomb pour vous convertir à la foi. — Considérez donc maintenant ce que sont ces idoles que vous préférez au Christ, — au Christ, mort pour le salut des hommes, ensuite ressuscité au ciel, et qui, pour se rendre présent parmi nous, a voulu dans son amour descendre du ciel sous l’image du pain et du vin toutes les fois que le prêtre célèbre le sacrifice de la messe.

Dulcan.

Tout cela me paraît bien obscur et bien difficile à comprendre. Vienne le Père, et nous en parlerons de nouveau avec détail. Comment ne serais-je pas affectionné au Christ, puisque je vous ai donné l’or avec lequel vous avez fait votre calice et les autres vases ? — Il faut que je vous apprenne quelque chose d’étrange. Cette nuit, pendant mon sommeil, Ongol est venu me trouver dans mon palais, et il m’a recommandé de jeter cette croix que le Père m’a donnée. Je n’ai point voulu lui obéir ; et il est sorti en poussant des cris qui ont réveillé tous mes serviteurs. Ce matin, au point du jour, il est revenu me voir, et il m’a dit qu’il se fâcherait contre moi si je persistais à porter la croix sur ma poitrine.

Barthélemy.

Le perfide !… De là tu peux facilement induire, cacique, qu’Ongol est moins puissant que le Christ, puisqu’il le craint, et qu’il est le même que ce Luzbel, qui fut, comme te l’a dit Rodrigue, chassé du ciel.

Dulcan.

Je le crois ainsi.


Entre ARANA.
Arana.

Illustre commandant, voici le Père qui vient d’arriver, et il attend à la porte du temple où il doit célébrer la messe.

Barthélemy.

Que le ciel vienne en aide à nos pieuses intentions ! Et puisque Dieu va descendre ici, que le Démon en sorte !… M’accompagnes-tu, Dulcan ?

Dulcan.

Je te suis. J’attends seulement mon brancard, afin de sortir avec les cérémonies auxquelles je suis accoutumé.

Barthélemy.

Ne tarde pas.

Dulcan.

J’y vais à l’instant.

Ils sortent.