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Deuxième Page.

Moi, seigneur, j’ai si froid en hiver, que j’irais volontiers dans cet autre monde où le soleil, bien ardent, bien rouge, vous rôtit de ses rayons.

Colomb, à part.

Sortons d’ici.

Il sort.
Premier Page.

Le voilà qui s’en va avec sa marotte.

Deuxième Page.

Pour moi, le principal motif qui m’empêche de croire à ce monde dont il parle, c’est que s’il eût existé, il aurait été découvert depuis longtemps, soit par Alexandre, soit par la cupidité.

Ils sortent.



Scène IV.

Au camp, devant Grenade.


Entrent LE ROI FERDINAND, LA REINE ISABELLE, le grand capitaine GONZALVE DE CORDOUE, et ZELIN.
Gonzalve.

Je vous en supplie, sire, accordez-moi la permission que je demande.

Ferdinand.

Cette entreprise, grand capitaine, serait digne de votre valeur ; mais la reine s’y oppose.

Gonzalve.

Alors j’ai le droit de me plaindre d’elle et de vous ; et je puis me plaindre ici, car vous êtes tous deux présents. — Mais ne me retenez point, madame, au nom du ciel. Vous n’aurez pas à regretter de m’avoir laissé faire cette démarche.

Isabelle.

Je ne veux pas que vous vous exposiez à ce péril. (À Zélin.) Dis, More, est-ce que le roi ton seigneur ne pourrait pas venir ici ?

Zélin.

Il croirait déroger. Puis, noble reine, si l’on savait la chose à Grenade, on le mettrait à mort pour avoir livré ainsi une ville de cette importance.

Isabelle.

Comment donc Gonzalve peut-il aller en sûreté traiter de cette paix ?

Zélin.

Si vous l’approuvez, il y a une poterne par où il pourrait entrer. Je l’introduirai la nuit dans Grenade, et il pourra régler les conditions. Tout ce que Mahomet promettra au grand capitaine il le tiendra pour sacré comme l’Alcoran même.