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Sanche.

Nuño est ici, et j’attends votre permission pour le faire entrer, si vous le trouvez bon.

Le Roi.

Qu’il vienne et qu’il soit témoin de ce qui va se passer. Après avoir eu sa part de l’offense, il est bien juste qu’il l’ait aussi de la réparation.

Sanche.

Venez, Nuño, et de là où vous êtes, regardez.


Entrent NUÑO, PÉLAGE et les Paysans.
Nuño.

Ce n’est pas sans inquiétude que je me vois dans la maison de cet audacieux. Vous tous, gardez le silence.

Juana.

Il sera difficile à Pélage de se taire.

Pélage.

Eh bien, vous vous trompez ; je ne parlerai pas plus qu’une statue.

Nuño, à part.

Ne s’être fait accompagner que de deux hommes ! voilà du courage !


Entrent FELICIANA, DON TELLO et des Domestiques.
Feliciana.

Arrêtez, mon frère ; prenez garde à ce que vous faites. Où allez-vous ?

Tello, au Roi.

Est-ce vous, par hasard, qui êtes l’alcade de Castille, qui me cherche ?

Le Roi.

Est-ce que ma visite vous étonne ?

Tello.

Oui, et beaucoup, vive Dieu ! si vous savez qui je suis ici.

Le Roi.

Vous êtes un vassal du roi, et vous devez obéissance et respect à qui se présente en son nom, comme vous les devez à lui-même.

Tello.

Cependant à mes yeux la différence est grande. — Mais enfin où est votre vare ?

Le Roi.

Elle est encore dans le fourreau ; mais elle en sortira bientôt, et vous verrez alors ce qui arrivera.

Tello.

Puisqu’elle est dans le fourreau, qu’elle y reste. Vous ne me con-