Qu’est ceci ? À qui parles-tu là ?
Je contais mes douleurs aux pierres de ces murs, et elles souffrent elles-mêmes de voir avec quelle rigueur vous traitez un vieillard. Elles sont moins insensibles que vous. Elles n’ont pas refusé à mon malheur les consolations dont il a tant besoin.
Je vous connais, vils paysans ; mais vous aurez beau employer tour à tour la plainte et la ruse, l’objet de ma passion ne sortira point de mes mains. C’est vous qui causez ses maux, vous qui ne voulez pas l’engager à céder à mes vœux. Pour moi je l’aime, je l’adore, et ne veux que son bonheur. Après tout, qu’est-ce donc qu’Elvire ? N’est-elle pas une pauvre fille des champs, vivant de mon pain comme vous en vivez tous ? Mais peut-être, voyant la faiblesse des hommes, vous vous êtes figuré que la naissance et la richesse ne tiendraient pas longtemps contre la jeunesse, les grâces et la beauté !
Je n’ai rien à répondre, seigneur. Que le ciel vous conserve !
Sans doute il me conservera… et vous, il vous récompensera selon vos mérites.
Se peut-il que le monde souffre qu’on se joue ainsi des lois les plus saintes !… Quoi ! il faut que le pauvre abandonne son honneur, et que, de plus, il remercie celui qui l’outrage ! Hélas ! pourquoi a-t-il tant de pouvoir celui qui n’a d’autre règle que son caprice ?
Celio ?
Seigneur ?
Conduis sur-le-champ Elvire où je t’ai dit.
Réfléchissez, seigneur, à ce que vous allez faire.
Je n’ai pas à réfléchir. Je m’abandonne à l’amour qui m’aveugle.
Songez-y, de grâce ; il serait cruel et barbare d’user de force envers une femme.