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Pélage.

Oui, ils les ont conquises sur les Maures, et même sur les chrétiens, et votre seigneurie ne doit rien au roi.

Tello.

Je vous le répète, je suis qui je suis !

Pélage.

Saint Macaire, comment tout ça finira-t-il ?

Tello.

Rendez grâce à ma modération si je ne vous tue pas. — Moi, que je vous rende Elvire ? — Il ne tient à rien… Mais non, je ne veux pas salir mon épée dans un sang aussi vil !

Il sort.
Pélage.

Ma foi, il a bien fait de ne pas la salir.

Sanche.

Eh bien, Pélage, qu’en dis-tu ?

Pélage.

Que nous voilà bannis de la Galice.

Sanche.

Je n’en reviens pas. Quoi ! parce qu’il a une demi-douzaine de vassaux cet homme s’imagine qu’il peut désobéir au roi ! Vive Dieu !…

Pélage.

Contiens-toi, Sanche. Il ne faut jamais avoir ni querelles avec les grands, ni amitié avec leurs domestiques.

Sanche.

Retournons à Léon.

Pélage.

Nous avons de quoi voyager, j’ai encore là les doublons du roi.

Sanche.

Je lui dirai ce qui s’est passé. — Ah ! mon Elvire, si du moins j’avais pu te voir !… Allez la trouver, mes tendres soupirs, et en attendant que je revienne, dites-lui que je meurs d’amour.

Pélage.

Allons, partons, et sois tranquille. Don Tello n’a pas encore eu ta maîtresse.

Sanche.

Ah ! Pélage, qui te le fait croire ?

Pélage.

C’est que s’il l’avait eue, il nous l’aurait rendue.