LE MEILLEUR ALCADE EST LE ROI.
ALPHONSE VII, empereur, roi de Castille et de Léon. |
LE COMTE DOM PÈDRE. | ||
DON ENRIQUE DE LARA. | |||
DON TELLO de NEYRA, seigneur galicien. | CELIO, | domestiques de don Tello | |
NUÑO, laboureur. | JULIO, | ||
SANCHE, berger. | JUANA, | domestiques de Nuño | |
PÉLAGE, porcher. | LÉONOR, | ||
ELVIRE, fille de Nuño. | BRITO, | laboureurs. | |
FELICIANA, sœur de don Tello. | PHILÈNE, |
JOURNÉE PREMIÈRE.
Scène I.
Nobles champs de la Galice, qui, dans les profondeurs de ces vallées qu’arrose le Sil, montrez avec orgueil à tous les yeux les fleurs dont vous êtes parés ; oiseaux qui chantez gaiement dans les bocages, et vous, hôtes des bois, qui vivez au hasard, contents de votre indépendance, avez-vous jamais vu un amour plus tendre que le mien ? Non, certes !… Mais aussi, il faut l’avouer, il n’existe ni ne peut exister nulle part sous le soleil un objet comparable à Elvire ; et comme mon amour, qui n’attend de bonheur ici-bas que par elle, — comme mon amour est né de sa beauté, de même que rien n’égale cette beauté merveilleuse, rien n’égale non plus mon amour… Ô ma douce amie ! si ta beauté pouvait croître encore, mon amour croîtrait également ; mais, charmante bergère, il ne peut rien s’ajouter à tes attraits pas plus qu’à ma tendresse, et si je t’aime autant que tu es belle, jamais on n’a aimé davantage. — Hier, tandis que sous tes pieds de lis tu foulais le sable sur lequel coule ce ruisseau, les grains s’en changeaient en perles ; et moi, comme je ne pouvais plus voir dans l’eau tes pieds délicats, je souhaitais secrètement que tes yeux, brillants comme deux soleils, s’abaissassent