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LE CHIEN DU JARDINIER.

La Comtesse.

Qu’est-ce donc ?


Entre TRISTAN.
Tristan.

C’est moi ! moi Tristan, qui me plains, non sans raison, de la plus effroyable ingratitude que l’on ait jamais vue chez une femme. Quoi donc ! parce que je fais votre bonheur, qui est dans l’union des âmes, — vous, pendant mon sommeil, vous voudriez…

La Comtesse.

Tu m’as donc entendue ?

Tristan.

Oh ! l’on ne m’attrape pas comme ça.

La Comtesse.

Approche.

Tristan.

Moi ! merci.

La Comtesse.

Ne crains rien. Je te promets ma protection, mon amitié ; mais à ton tour il faut que tu me promettes un secret absolu sur tout ceci.

Tristan.

Mon intérêt vous répond de ma discrétion.

Théodore.

Écoutez. — Entendez-vous ce bruit ?


Entrent LUDOVIC, FRÉDÉRIC, RICARDO, CAMILLE, FABIO,
MARCELLE, ANARDA, DOROTHÉE.
Ricardo, à Ludovic.

Nous voulons accompagner votre fils.

Frédéric.

Tout Naples attend qu’il paraisse.

Ludovic.

Permettez, madame. — Mon fils, un carrosse t’attend, et toute la noblesse de Naples à cheval veut t’accompagner. Viens, mon enfant ; viens revoir, après tant d’années d’absence, les lieux qui t’ont vu naître.

La Comtesse.

Avant qu’il sorte d’ici, je veux, comte, que tous appreniez de moi-même que je suis son épouse.

Ludovic.

Maintenant que la Fortune arrête sa roue avec un clou d’or. Je venais ici chercher un fils, et j’en trouve deux.

Frédéric.

Avancez, Ricardo, et présentez nos compliments.

Ricardo.

Je pourrais complimenter le seigneur Théodore de ce qu’il est encore vivant ; car, jaloux de la bienveillance que lui témoignait la comtesse, j’avais promis à ce coquin mille écus, sans la chaîne qu’il