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LE CHIEN DU JARDINIER.

Tristan.

Mille écus.

Ricardo.

Soit ! je te les promets.

Tristan.

Je voudrais des arrhes pour ce marché-là.

Ricardo.

Voici une chaîne d’or.

Tristan.

Allez compter l’argent.

Frédéric.

J’y vais de ce pas.

Tristan.

Et moi je vais transpercer notre jeune homme. — Écoutez.

Ricardo.

Quoi encore ?

Tristan.

Bouche close.

Frédéric et Ricardo sortent.


Entre THÉODORE.
Théodore.

Je t’ai vu parler à ces deux assassins.

Tristan.

Il n’y a pas dans tout Naples deux plus grands imbéciles. Voyez cette chaîne : ils me l’ont donnée, et de plus ils m’ont promis mille écus pour que je vous tue aujourd’hui.

Théodore.

Ah çà, Tristan, ne serais-tu pas pour quelque chose dans mon changement de fortune ? J’en tremble.

Tristan.

Si vous m’aviez entendu parler grec, vous me récompenseriez, je suis sûr, plus généreusement que ces gens-là… Mais, ma foi, cela n’est pas difficile de grecquiser[1]. Il ne s’agit que de parler comme pour les autres langues… Mais les beaux noms que je leur ai inventés ! Astéclies, Catiborrato, Serpalitonie, Terrimaconio !… Après tout, cela peut bien être grec, et comme personne ne l’entend, je l’ai donné pour tel.

Théodore.

Je suis en proie à mille pensées qui m’affligent et m’effrayent… Ne sais-tu pas que si l’on vient à découvrir la fourberie, je ne risque pas moins que mon déshonneur ?

Tristan.

Quoi ! c’est là ce qui vous occupe en ce moment !

Théodore.

Tu es un vrai démon.

  1. Por vida mía, que es cosa
    fácil el grecesizar.