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LE CHIEN DU JARDINIER.

Ludovic.

Quand je n’en aurais pas la preuve, il me suffirait de te voir… C’est ainsi que j’étais à ton âge.

Théodore.

Pardon, mais je vous en supplie… souffrez que je vous dise…

Ludovic.

Ne me dis rien. — Je suis hors de moi. Quelle bonne mine ! quel air distingué ! et comme la nature a bien écrit sur ton front la noblesse de ta naissance ! Dieu puisse te bénir !… Partons, mon enfant. — Viens avec moi, viens prendre possession de ta maison, viens enfin passer sous ce portique que tu verras surmonté des plus nobles armoiries de ce royaume.

Théodore.

J’étais, seigneur, au moment de partir pour l’Espagne ; et dès lors…

Ludovic.

Pour l’Espagne, dis-tu ? — L’Espagne est pour toi dans mes bras.

La Comtesse.

Je vous en prie, seigneur comte, laissez un moment Théodore ici, afin qu’il se calme, et qu’il puisse aller se présenter chez vous sous un vêtement plus convenable. Je ne voudrais pas, d’ailleurs, qu’il sortît de ma maison au milieu de tout ce monde.

Ludovic.

Vous avez mille fois raison, madame, et je dois céder. Je vous laisse donc mon fils, tout en regrettant de ne pouvoir pas l’emmener avec moi. Mais, je vous en prie, que le jour du moins ne finisse pas sans que je revoie l’unique bien qui me reste.

La Comtesse.

Je vous le promets.

Ludovic, à Théodore.

Adieu, mon enfant.

Théodore.

Je me mets à vos pieds.

Ludovic.

Camille, à présent la mort peut venir quand elle voudra.

Camille.

En vérité, votre Théodore est un charmant jeune homme.

Ludovic.

Je ne veux pas trop y penser ; cela me rendrait fou.

Il sort avec Camille.
Fabio, à Théodore.

Je vous baise les mains.

Anarda.

Et moi aussi, monseigneur

Dorothée.

Et moi, je me recommande à votre seigneurie.