Page:Lope de Vega - Théâtre traduction Damas-Hinard tome 1.djvu/229

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
JOURNÉE III, SCÈNE V.

La Comtesse.

Quel fils ? Je ne comprends pas.

Ludovic.

Votre seigneurie n’a donc jamais ouï parler de mon histoire ? — Vous ne savez donc pas qu’il y a vingt ans un mien fils, que j’envoyais à Malte, auprès de son oncle, fut pris par les galères d’Ali-pacha ?

La Comtesse.

En effet… je me rappelle. — Eh bien ?

Ludovic.

Eh bien, le ciel dans sa bonté me fait retrouver mon fils, après mille traverses.

La Comtesse.

Je suis flattée, comte, que vous m’ayez fait part d’une si heureuse nouvelle, et je vous en félicite.

Ludovic.

Mais vous, madame, vous allez, à votre tour, me rendre ce fils qui est à votre service sans se douter que je suis son père. — Ah ! si sa pauvre mère avait pu voir ce moment !

La Comtesse.

Quoi ! votre fils à mon service !… Serait-ce par hasard Fabio ?

Ludovic.

Il ne se nomme pas Fabio, madame, mais bien Théodore.

La Comtesse.

Théodore !

Ludovic.

Oui, madame.

Théodore.

Qu’entends-je ?

La Comtesse.

Eh bien, Théodore, approchez, parlez ; — parlez au comte, à votre père.

Ludovic.

Quoi ! c’est ce jeune homme ?

Théodore.

Mais, seigneur comte, songez…

Ludovic.

Eh ! mon fils, à quoi songer, si ce n’est à mourir de joie dans tes bras ?

La Comtesse.

Quelle étrange aventure !

Anarda.

Quoi ! madame, Théodore est donc de la plus haute noblesse ?

Théodore.

Seigneur, l’émotion m’a troublé à un point… Moi, votre fils ?