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LE CHIEN DU JARDINIER.

Ricardo.

Oui, c’est un service à rendre à la comtesse, même malgré elle.

Frédéric.

Mais comment faire ?

Ricardo.

Rien de plus facile. Nous avons à Naples des hommes qui ne vivent que de ce métier, et qui sont toujours prêts à donner du sang pour de l’or. Il n’y a qu’à s’adresser à un bravo, et qu’il le dépêche au plus vite.

Frédéric.

Je tiens à ce qu’il n’y ait pas de retard.

Ricardo.

Dès ce soir tant d’insolence recevra son châtiment.

Frédéric.

Ne sont-ce pas des bravi que je vois ?

Ricardo.

Ils en ont tout l’air.

Frédéric.

Le ciel offensé comme nous favorise notre dessein.


Entrent TRISTAN, FURIO, ANTONEL et LIRANO. Tristan est habillé de neuf.
Furio.

Il faut, mon cher, que vous nous régaliez en l’honneur de ce bel habit qu’on vous a donné.

Antonel.

Notre bon Tristan sait bien que cela est trop juste.

Tristan.

Je le ferai, messeigneurs, avec le plus grand plaisir.

Lirano.

Quel habit magnifique !

Tristan.

Bon ! tout cela n’est rien, et avant peu vous verrez bien autre chose. Si la fortune ne change, je serai bientôt secrétaire du secrétaire.

Lirano.

Savez-vous, Tristan, que la comtesse fait beaucoup pour votre maître ?

Tristan.

Il est son grand confident, sa main droite, le dispensateur ordinaire de ses grâces.

Antonel.

Laissons là toutes ces fariboles, et buvons.

Furio.

Il me semble que dans cet endroit-ci il doit y avoir du lacryma christi excellent, et de la délicieuse malvoisie.