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JOURNÉE III, SCÈNE I.



JOURNÉE TROISIÈME.



Scène I.

Un jardin public.


Entrent FRÉDÉRIC, RICARDO et CÉLIO.
Ricardo.

Quoi ! vous l’avez vu ?

Frédéric.

Je l’ai vu.

Ricardo.

Elle lui a donné des soufflets ?

Frédéric.

Oui, des soufflets. — Or le service peut fournir des occasions de mécontentement, mais je ne crois pas que ce soit ici la cause ; et pour qu’une femme de son rang s’oublie jusque là avec un homme, il faut qu’il y ait des motifs d’une autre nature. Vous voyez, aussi, combien depuis ce temps son crédit a augmenté.

Ricardo.

Parfois les femmes laissent prendre beaucoup d’empire à leurs domestiques.

Frédéric.

Je vous dis qu’elle se perd ; et je vous rappellerai à ce propos la fable qu’a racontée un poète moraliste : le pot de terre et le pot de fer. Le pot de terre et le pot de fer voyageaient ensemble le long d’une rivière, et le premier évitait soigneusement le second, de peur de se briser au moindre choc Cette fable s’applique à merveille à l’homme et à la femme, et lorsque celle-ci, qui est l’argile, s’approche autant du fer, elle court grand risque de se briser.

Ricardo.

J’admirais la hauteur et la fierté de Diane, et il est tout simple que, ce jour-là, je n’aie pas su bien voir. Mais, depuis, Théodore a des chevaux, des pages, des parures, qu’il n’aurait jamais eus probablement sans cette circonstance, et cela me donne beaucoup à penser.

Frédéric.

Avant que cela vienne à se savoir dans Naples, et que l’honneur de notre sang en soit terni, que nos soupçons soient ou non fondés, il faut que Théodore meure.