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LE CHIEN DU JARDINIER.

Tristan.

Eh quoi ! je ne vous retiens plus ni l’un ni l’autre, et vous voilà.

Marcelle.

Ah ! mon ami, je ne puis m’éloigner de vous.

Théodore.

Ni moi, et vous me verrez désormais d’une constance inébranlable.

Marcelle.

Allons, méchant, embrassez-moi.

Théodore.

Avec bonheur, avec délices.

Tristan.

Puisque vous n’aviez pas besoin de moi, pourquoi me donner tant de mal ?

Anarda, bas à la Comtesse.

Vous prenez plaisir à les voir.

La Comtesse.

Oui, je suis bien aise de voir combien peu il faut se fier soit à un homme, soit à une femme.

Théodore.

Ah ! Marcelle, comme vous m’avez traité !

Tristan.

Enfin, vous voilà d’accord, le ciel en soit béni ! car pour un courtier comme moi, le plus grand déshonneur c’est de ne pouvoir conclure un marché.

Marcelle.

Si jamais je vous abandonne pour Fabio ou pour un autre, puissé-je mourir, mon ami, des chagrins que vous me donnez.

Théodore.

Et moi qui reviens à vous plus épris, plus amoureux, — si jamais je vous oublie, je consens, pour ma punition, à vous voir dans les bras de Fabio.

Marcelle.

Voulez-vous réparer vos torts ?

Théodore.

Pour vous, près de vous, que ne ferais-je pas ?

Marcelle.

Dites que toutes les femmes sont laides.

Théodore.

Oui, près de vous. — Que voulez vous de plus ?

Marcelle.

Je ne suis pas sans jalousie, et puisque vous m’aimez, dites-moi, nous pouvons parler devant Tristan.

Tristan.

Ne vous gênez pas, serait-ce même pour dire du mal de moi.