Madame, Fabio m’a appelé de votre part.
Il y a déjà un siècle que je vous attends.
Pardonnez-moi ce retard ; il est involontaire. Aussitôt qu’on m’a eu dit vos ordres, je suis accouru.
C’est bien. — Vous avez vu ces deux seigneurs qui me rendent des soins ?
Oui, madame.
Ils sont tous deux fort bien, n’est-ce pas ?
Oui, madame.
J’ai voulu vous consulter avant de me décider. Auquel des deux pensez-vous que je doive accorder ma main ?
Mon Dieu ! madame, quel conseil pourrais-je vous donner en une chose qui ne dépend que de votre goût ? — Le meilleur choix, à mon avis, est celui que vous ferez.
Vous reconnaissez bien mal, Théodore, l’honneur que je vous fais en vous consultant dans une semblable circonstance.
Mais, madame, n’avez-vous pas dans votre maison des gens dont l’avis serait meilleur à prendre que le mien ? Par exemple, Octavio, votre écuyer, par son âge, ses lumières, son expérience…
Je veux que le maître que je vous donnerai vous convienne et vous plaise. — Dites-moi, le marquis ne vous semble-t-il pas préférable à mon cousin ?
Oui, madame.
Eh bien, c’est le marquis que je choisis. Allez au plus tôt lui en porter la nouvelle[1].
- ↑ Littéralement : « Allez lui demander l’étrenne de cette nouvelle. » L’usage était de faire des cadeaux aux porteurs d’une bonne nouvelle. Ces présents s’appelaient albricias. De là le mot albricias, changé en interjection a fini par signifier ces nouvelles elles-mêmes.