Nous d’accord ! Vous êtes bon !
Vous avez beau dire, vous ne réussirez pas à m’abuser.
Autrefois, je l’avoue, j’ai pu m’amuser des folies que me débitait Théodore ; mais aujourd’hui j’en aime un autre… un autre qui vous ressemble beaucoup.
À moi ?
Certainement. Est-ce que vous ne ressemblez pas à vous ?
Quoi ! Marcelle, c’est bien à moi que vous parlez ainsi ?
À vous-même. Si je ne vous parle pas franchement, si vos regards ne me charment pas, si je ne vous trouve pas l’homme le plus aimable du monde, et si tout mon cœur n’est pas à vous, puissé-je mourir du plus grand des chagrins ! puissé-je voir mon amour n’être payé que de mépris !
S’il en est ainsi, vous ne mourrez pas. Si vous m’aimez, je veux que vous viviez. Mais, au moins, que ce ne soit pas un piège ; quel avantage auriez-vous à me tromper ?
Courage, Fabio ; profitez de l’occasion. Il faut aujourd’hui que Marcelle vous aime. Elle y est forcée.
Je crains que cela ne soit pas vrai, puisqu’elle n’est pas libre.
Théodore a d’autres vues. Il s’est tourné d’un autre côté.
Je vais le chercher pour remplir ma commission. (À Marcelle.) Avouez seulement que je suis votre pis-aller, et que votre amour est un peu comme ces lettres à double adresse, que l’on remet à Fabio, en l’absence de Théodore. Mais, vanité à part, je me trouve encore trop heureux. Nous en parlerons plus à loisir, et de toute façon comptez sur moi.
Qu’avez-vous fait ?
Je ne sais… Je suis dans un tel état d’exaspération, que je ne me connais plus. Anarda n’aime-t-elle pas Fabio ?
Sans doute.