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LE CHIEN DU JARDINIER.

Ricardo.

La comparaison est parfaite… d’autant mieux que le soleil, dans sa marche journalière, va parcourant divers signes, qui sont les prétendants. — Tiens, voilà Frédéric qui attend aussi la venue de l’astre.

Célio.

Lequel de vous deux sera le taureau ?

Ricardo.

Mais lui, car sa parenté le rapproche d’elle. Moi je ne viens qu’après, et je serai, j’espère, le lion.

Frédéric.

N’est-ce pas Ricardo ?

Léonido.

C’est lui-même.

Frédéric.

J’aurais été bien étonné qu’il eût manqué cette occasion.

Léonido.

Le marquis est resplendissant.

Frédéric.

Ma foi ! bien observé. On dirait que tu es jaloux.

Léonido.

Est-ce que vous l’êtes, vous, monseigneur ?

Frédéric.

Mais tu le vantes si fort, que je pourrais le devenir.

Léonido.

Si la comtesse n’aime personne, de quoi pouvez-vous avoir de la jalousie ?

Frédéric.

De ce qu’elle pourrait l’aimer. Elle est femme.

Léonido.

Oui ! mais si vaine, si hautaine, si dédaigneuse, que cela doit vous rassurer.

Frédéric.

L’orgueil sied à la beauté.

Léonido.

L’orgueil n’embellit pas.

Célio, au marquis.

Monseigneur, voilà la comtesse qui sort.

Ricardo.

Eh bien ! c’est pour moi le jour qui se lève.

Célio.

Vous voudriez lui parler ?

Ricardo.

Oui, pourvu que mon rival le permette.