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Laura.

La voilà, ma chère âme.

Melampo.

Ô amour ! j’étouffe de joie.

Laura.

Je t’assure que je serai un jour à toi.

Melampo.

Tu me le jures ?

Laura.

Sur ma vie !

Melampo.

Bien vrai ?

Laura.

Je l’ai juré.

Melampo et Laure sortent.



Scène II.

D’un côté une partie du jardin de la Duchesse ; de l’autre une place.


Entrent LE ROI, LA DUCHESSE et THEODORA.
Le Roi.

Si, de même que je vous offre ici mon âme et ma couronne, je pouvais vous offrir le monde, adorable Celia, il serait à l’instant à vos pieds. C’est seulement à vous servir et à vous plaire que je mets ma gloire et mon bonheur ; je n’ai d’autre ambition que celle d’être agréé par vous, et il n’en est pas, selon moi, de plus noble ni de plus belle. Sans vous ma personne n’est rien, elle ne vaudra quelque chose que par vous. Daignez donc, Celia, récompenser un tel amour ; cessez enfin de regretter le comte, puisqu’un roi se présente pour le remplacer, et acceptez mon royaume avec ma main. Je me tais en attendant une réponse favorable.

La Duchesse.

J’avoue, sire, que la proposition que vous me faites m’élèverait d’un bien humble état à une grandeur à laquelle je n’avais pas de prétention, et je vous en exprime ma profonde gratitude. Seulement, je le confesse, j’étais peinée, en vous écoutant, de voir que par bonté pour moi vous vous abaissiez au rang d’un simple vassal. Je n’ai pas à répliquer ni à vous contredire ; mais je vous prie, monseigneur, de traiter de cela avec mon père, et je me soumettrai à ce qui sera sa volonté et la vôtre.

Le Roi.

C’est bien, Celia ; je ne tarderai pas à lui exprimer mes vœux à cet égard. Je suis obligé de vous quitter, et quoique vous soyez bien sévère pour moi, je souffrirai beaucoup loin de votre présence… Ma bru doit arriver ; il faut que j’aille au-devant d’elle. Quelque plaisir que j’aie à terminer ce mariage, Dieu sait combien je préférerais