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La Duchesse.

Je n’ai pas d’aussi hautes prétentions.

Le Roi.

Vous tiendrez votre parole ?

La Duchesse.

Oui, sire, dès que vous aurez délivré le comte.

Le Roi.

Il sera ici dans un instant, et alors… (À part.) J’entends des pas… C’est lui !


Entre RUFINO.
Rufino.

Hélas !

Le Roi.

Qu’as-tu donc ?

Rufino.

Ah ! sire !

Le Roi.

Pourquoi viens-tu seul ?

Rufino.

On n’a jamais vu une pareille cruauté en un pays chrétien, en Espagne ! Ô prince féroce, qui commets des atrocités dignes des Scythes inhumains et des barbares !

Le Roi.

Qu’y a-t-il donc enfin ?

Rufino.

On peut ajouter foi désormais aux cruautés des Domitien et des Néron. — Le prince a tué le comte.

Le Roi.

Que dis-tu là, mon ami !

Rufino.

Que l’on a donné la mort au comte.

Le Roi.

Qui s’est rendu coupable de ce meurtre ?

Rufino.

L’infant, — votre fils !

Le Roi.

En es-tu bien sûr ?

Rufino.

Je n’en puis douter.

La Duchesse.

Ah ! malheureuse ! qu’ai-je appris ? Ô mon cœur ! ouvre-toi et laisse partir mon âme !

Le Roi, à Rufino.

Elle s’évanouit !

Rufino, à la Duchesse.

Modérez votre douleur…