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Valerio, bas, à l’Infant.

Ne vous découragez pas.

L’Infant, bas, à Valerio.

Je n’ose, Valerio.

Valerio, bas, à l’Infant.

Que craignez-vous ?

L’Infant.

Allons, madame.

La Duchesse.

N’approchez pas !

Le Comte s’avance et se place entre l’Infant et la Duchesse.
Le Comte.

Je savais bien, madame, qu’il me manquait quelque chose.

L’Infant.

Quel est cet homme ?

La Duchesse.

C’est mon meunier.

Le Comte.

Pour vous servir.

L’Infant.

Que vous veut-il ?

La Duchesse.

Je l’ignore. (Au Comte.) Que me voulez-vous ?

Le Comte.

Je ne vous veux rien de mal[1] ; je désire seulement vous parler.

La Duchesse.

Vous le pouvez devant ces seigneurs, si la chose n’exige pas que nous en causions en particulier.

Le Comte.

Non, madame ; c’est une recommandation de mon maître, que j’oubliais, et je ne me la suis rappelée qu’au moment où j’allais monter sur la mule.

Valerio.

Quel vilain mal appris !

Le Comte.

Voici, madame. Mon maître m’a chargé de vous parler à propos du moulin. Il s’agit d’une certaine digue que les eaux du fleuve battent incessamment, comme si elles prétendaient la renverser, et il vous prie de vouloir bien vous arranger de manière que la digue tienne bon contre les efforts obstinés de ce méchant fleuve. Je vous prie, en outre, de lui écrire ce que vous aurez à lui ordonner, il vous écrira de son côté ce qu’on vous doit là-bas.

  1. Il y a ici un jeu de mots intraduisible sur le verbe querer, qui signifie en même temps vouloir et aimer.