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La Duchesse.

Entendez-vous, l’un et l’autre ? Ce vilain vous apprend votre devoir.

Deuxième Soldat.

Il n’est pas vrai, madame, que nous l’ayons visité, lui ; nous ne l’avons pas touché du bout du doigt. Et puisque vous connaissez le motif pour lequel nous avons été placés ici, ne soyez pas surprise de notre scrupuleuse vigilance. L’intention du prince n’a pas été de vous irriter, en nous confiant le soin d’arrêter en cet endroit les serviteurs de celui qui vous outrage et vous déshonore. Je parle du comte, qui pourrait bien vous écrire par l’entremise de ce vilain.

Le Comte.

Cela n’est pas mauvais, en vérité ! Moi, porter les lettres du comte ! vous feriez mieux de dire que je les écris de ma main.

La Duchesse.

Si c’est pour cela que vous êtes ici, vous pouvez dès ce moment vous retirer. Vous n’avez plus rien à y chercher.

Premier Soldat.

Comment cela, s’il vous plaît, madame ?

La Duchesse.

Parce qu’il n’y a pas une heure qu’il a passé par ici prisonnier.

Le Comte.

Prisonnier, dites-vous ?

La Duchesse.

Je l’ai vu.

Le Comte.

Le comte prisonnier, madame !

La Duchesse.

Je l’ai vu, hélas ! de mes yeux.

Deuxième Soldat.

Qu’attendons-nous davantage ?… Allons demander l’étrenne de cette bonne nouvelle.

Premier Soldat.

Je voudrais être à la place de celui qui l’a arrêté.

Deuxième Soldat.

Allons.

Les deux Soldats sortent.
Le Comte.

Vous avez dit cela, madame, pour vous moquer d’eux, — que le comte était prisonnier ?

La Duchesse.

Il n’est que trop vrai.

Le Comte.

L’avez-vous reconnu ?