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Laura.

Mon cœur me dit que ce voyage me causera de la peine.

Le Comte.

Comment cela ?

Laura.

Parce que tu vas là-bas pour y trouver quelque femme.

Le Comte.

Quelle idée ! Je vais tout bonnement porter cette farine à la duchesse.

Laura.

Ce ne serait pas un miracle. Martin, que tu fusses épris d’elle ; on dit qu’elle est belle à ravir. Fais en sorte de ne pas la voir.

Le Comte, à part.

Il ne manquerait plus que cela. (Haut.) Il faut enfin que je parte ; les trois mules et le roussin sont chargés et s’impatientent.

Laura.

Ne la regarde pas au moins, Martin.

Le Comte.

Sois tranquille. Et je tâcherai également de n’être pas aperçu de certaines gens qui rôdent autour de sa maison. — Mais que t’apporterai-je ?

Laura.

Je ne sais pas trop… J’y pense… Tiens, une jolie paire de souliers.

Le Comte.

C’est bon. Adieu, Laura.

Laura.

Adieu, Martin.

Le Comte, à part.

Celia ! je vais te voir !

Le Comte et Laura sortent.



Scène II.

Un chemin devant la maison de la Duchesse


Entrent L’INFANT et VALERIO.
L’Infant.

Eh bien ! Valerio, puisque le comte ne reparaît plus, j’ai envie d’user du stratagème que tu as imaginé.

Valerio.

Quand l’amour présente des dangers, il est des hommes prudents qui préfèrent la vie à ses plaisirs périlleux. Le comte a de l’esprit, du bon sens, et probablement il aura pris le parti le plus sage, celui de fuir. Maintenant sans doute il est à mille lieues de nous. Il serait inutile d’envoyer à sa recherche. Employons la ruse, et je crois qu’elle réussira. Puisque vous approuvez mon projet, ne tar-