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NOTICE
SUR LOPE DE VEGA


Après avoir joui de son vivant, dans toute l’Europe lettrée, d’une réputation sans égale, Lope de Vega a vu bientôt cette réputation décroître et tomber, non-seulement chez les étrangers, mais dans sa propre patrie ; et aujourd’hui même, alors que les amis de l’art, revenus partout des préjugé nationaux, étudient avec admiration ses rivaux et ses disciples, c’est à peine si l’on accorde à son nom quelques vains éloges, qui sont presque un outrage après tant de gloire. Il y a là, selon nous, une injustice de l’opinion vraiment inexplicable, et qui doit enfin cesser. Le lecteur partagera sans doute notre conviction s’il veut bien achever cette notice.

Nous allons d’abord raconter la vie du poëte.


§ I.

La vie de Lope de Vega est encore à écrire. Montalvan, le disciple et l’ami du poëte, a laissé le panégyrique de son maître et non pas son histoire. Tous les biographes espagnols ou étrangers venus après Montalvan l’ont copié. Pour nous, sans dédaigner quelques détails curieux, quelques souvenirs intéressants recueillis dans la Fama postuma[1], c’est à Lope lui-même que nous avons de préférence demandé nos renseignements ; nous avons soigneusement consulté ses préfaces, les dédicaces, ses poésies diverses, et en particulier ses épîtres ; et, forts de nos recherches, nous ne craignons pas d’annoncer enfin une biographie qui aura du moins sur les autres cet avantage, qu’elle sera plus exacte et plus complète.

Vers le milieu du seizième siècle, au village de Carriedo, capitale de la charmante vallée qui porte ce nom et fait partie de la province appelée la Montagne de Burgos, vivait avec sa

  1. Ouvrage de Montalvan composé en l’honneur de Lope et publié en 1636, quelques mois après la mort du poëte.