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Laura.

Si vous continuez, vous me ferez rire à la fin.

Le Comte.

Ce ne serait pas bien à vous.

Laura.

Allons, que je vous emmène. Mais comment vous appelez-vous ?

Le Comte.

Mon nom ressemble à celui de mardi[1], qui n’est pas plus disgracié que moi.

Laura.

Ah ! vous vous appelez Martin ?

Le Comte.

Justement. — Et je m’engage à servir votre père aussi fidèlement que Jacob servit pour Rachel ; — et je n’aurai pas moins de constance que lui.

Laura.

Je ne vous crois pas une miette ; mais c’est égal, venez.

Le Comte.

Vous aurez meilleure opinion de moi si je reste au moulin.

Laura.

Je cours avertir mon père.

Laura sort.
Le Comte.

Hélas ! quelle folie ou quelle destinée que la mienne ! Je suis réduit à demander au ciel qu’il permette que je sois favorablement accueilli par le meunier… Chez lui, du moins, je serai si bien déguisé par mes nouveaux habits et par la farine, que je pourrai voir et entretenir sans péril ceux qui me persécutent… Mais quand les choses se seront un peu calmées, je verrai aussi ma Celia ; car sans elle tout est malheur, et tout est bonheur avec elle.




JOURNÉE DEUXIÈME.



Scène I.

Une campagne devant le moulin.


Entrent MELAMPO et TAMIRO.
Tamiro.

Comment est-il possible qu’elle en soit déjà venue là avec lui ?

  1. Del martes tengo harta parte
    Que sus desdichas me dió.

    Le mardi, en Espagne, passe pour un jour néfaste, comme, chez nous, le vendredi.