Je me range à votre avis. Votre majesté a une pénétration…
Bien qu’il soit très-hardi à moi, roi puissant, de me présenter ainsi devant vous, je compte, pour mon excuse, sur la justice et la clémence que le ciel a mises en votre cœur royal. Que ma démarche trouve grâce devant vous ! Si je ne suis pas encore mariée, je suis aimée d’un homme que j’aime, et le prince votre fils veut nous ôter l’honneur à tous deux ; et vous seul, monseigneur, pouvez le retenir… Je suis fille du duc Leonadio, qui est aujourd’hui vieux et infirme, après avoir long-temps combattu pour vous, et avec gloire, sous le ciel brûlant des Indes et dans le froid pays des Flamands. L’amour, qui s’empare des cœurs en secret et sans bruit, nous a liés l’un à l’autre pour jamais, le comte Prospero et moi. S’il n’a pas demandé ma main au duc, c’est qu’il en a été empêché par la crainte que l’infant ne s’emportât à la mauvaise action dont en ce moment je l’accuse.
Retenez vos larmes, madame. Les larmes d’une femme sont des perles précieuses qu’elle ne doit pas répandre ainsi devant les hommes. — Pour ce qui est de la justice que vous sollicitez, tranquillisez-vous. Ce qui vous chagrine à cette heure se changera bientôt en allégresse et en joie. Je crois ce que vous m’avez dit de mon fils, et je suis satisfait du comte. Allez, je vous promets de veiller sur sa personne avec autant de soin que sur moi-même.
Que le ciel, monseigneur, garde votre royale couronne ! Lui seul peut vous récompenser de cette protection que vous daignez accorder à la fille d’un loyal vassal qui vous a toujours servi de son mieux.
Quelle taille charmante !
Mille fois charmante, divine ! Et j’avais la prétention de me défendre de la regarder !
Heureux le comte qui seul en sera le possesseur !
Il n’est pas un coin de terre de ce côté-ci de la mer que je n’aie parcouru en tous sens, mais je n’ai jamais rien vu d’aussi parfait. — Ah ! mon ami, les beaux yeux ! la belle bouche ! le beau front !
Elle vous a donc plu ?
