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L’Infant.

Je m’en irai pour ne pas vous irriter davantage.

Valerio, bas, à l’Infant.

Vous feriez bien de vous retirer un moment de sa présence.

Le Roi.

Eh bien ?

L’Infant.

Je m’en vais, sire. Je sortirai même de ce monde, si cela vous plaît, tant je vous suis soumis.

Valerio.

Ne répliquez pas, monseigneur. Quelque mécontent que soit le roi, il est père, et il s’apaisera.

L’infant et Valerio sortent.
Le Roi.

Ô jeune homme inconsidéré, sans frein, sans règle, et porté à tous les vices !… Persécuter ainsi un homme dont le père a servi le mien et m’a servi moi-même si noblement pendant tant d’années ! Non, je ne le souffrirai pas.


Entre UN PAGE.
Le Page.

Sire, voici une dame qui désire vous parler.

Le Roi.

Qui est cette dame ?

Le Page.

Elle s’appelle — l’épouse du comte.

Le Roi.

L’épouse du comte ?

Le Page.

Oui, monseigneur, c’est ainsi qu’elle a dit. Elle est voilée, et elle demande la permission d’entrer.

Le Roi.

Elle est seule ?

Le Page.

Oui, monseigneur.

Le Roi, à part.

C’est elle sans doute. Sa démarche annonce un grand amour. (Haut.) Dis-lui qu’elle entre.

Le Page sort.
Rufino.

Mais, sire, votre majesté ne sait pas si cette femme mérite un tel honneur, si elle n’est pas quelque aventurière.

Le Roi.

Tu n’y es pas, mon cher. Tu ne devines donc pas que cette femme est celle que l’infant dispute au comte Prospero ?