peine effleurer les eaux ; derrière nous les Saintes, qui ne sont guère que des rochers stériles ; à notre gauche et en face, la Guadeloupe, terme de mes courses. On voyait au loin, sur le rivage voisin de la Pointe-à-Pitre, les tristes débris des bâtiments qui avaient échoué dans le terrible ouragan qui s’était fait sentir quelques mois auparavant.
Il était dix heures du matin quand enfin nous mîmes pied à terre. La fièvre jaune ne moissonnait pas moins de monde à la Pointe-à-Pitre qu’à Saint-Pierre. Je fus cependant obligé d’y rester quelques jours en attendant l’occasion de passer à la Basse-Terre, autre ville et séjour du gouvernement de la même colonie, où j’avais résolu de me fixer. J’allai prendre logement dans un hôtel de la Grande-Rue. Extrêmement fatigué, je me fis préparer un lit et je me couchai. Les maringouins ne me permirent pas de m’endormir. Ils étaient en si grand nombre et me piquaient avec un tel acharnement que, malgré le drap dont j’étais couvert, je ne fus pas une demi-heure au lit sans avoir la peau toute rouge de pustules. N’y pouvant tenir, je me levai. Je me fis servir à déjeuner : on me donna de l’eau où fourmillaient mille petits vers. J’en demandai la raison, on me répondit que c’était de l’eau de citerne. Dans cette partie de l’île, il n’y a point de